A civilization that proves incapable of solving the problems it creates is a decadent civilization. On me parle de tyrans locaux mis à la raison ; mais je constate qu’en général ils font très bon ménage avec les nouveaux et que, de ceux-ci aux anciens et vice- versa, il s’est établi, au détriment des peuples, un circuit de bons services et de complicité. Pages. Donc, camarade, te seront ennemis - de manière haute, lucide et conséquente - non seulement gouverneurs sadiques et préfets tortionnaires, non seulement colons flagellants et banquiers goulus, non seulement macrotteurs politiciens lèche-chèques et magistrats aux ordres, mais pareillement et au même titre, journalistes fielleux, académiciens goîtreux endollardés de sottises, ethnographes métaphysiciens et dogonneux, théologiens farfelus et belges, intellectuels jaspineux, sortis tout puants de la cuisse de Nietzsche ou chutés calenders-fils-de-Roi d’on ne sait quelle Pléiade, les paternalistes, les embrasseurs, les corrupteurs, les donneurs de tapes dans le dos, les amateurs d’exotisme, les diviseurs, les sociologues agrariens, les endormeurs, les mystificateurs, les haveurs, les matagraboliseurs, et d’une manière générale, tous ceux qui, jouant leur rôle dans la sordide division du travail pour la défense de la société occidentale et bourgeoise, tentant de manière diverse et par diversion infâme de désagréger les forces du Progrès - quitte à nier la possibilité même du Progrès – tous suppôts du capitalisme, tous tenants déclarés ou honteux du colonialisme pillard, tous responsables, tous haïssables, tous négriers, tous redevables désormais de l’agressivité révolutionnaire. Signe qu’elle se sent mortelle. $24.32. » (Vous savez bien, voyons. Il m’est arrivé d’avoir en face de moi une rangée d’une vingtaine de Noirs purs... Je ne reprocherai même pas à nos nègres et négresses de mâcher du chewing gum. ». Et, en effet, voici, sur le plateau du journal Le Monde, bien sagement rangées, ses petites offres de service. 3 Pages • 2248 Vues. Download PDF. Le peuple ! » Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que ce nazisme-là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies, de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne. Comparaison idiote pour comparaison idiote : puisque le prophète de la Revue des Deux Mondes et autres lieux nous invite aux rapprochements « distants », qu’il permette au nègre que je suis de trouver - personne n’étant maître de ses associations d’idées - que sa voix a moins de rapport avec le chêne, voire les chaudrons de Dodone, qu’avec le braiment des ânes du Missouri. L’essentiel est que M. Jules Romains en arrive à écrire ceci : « Je n’accepte la discussion qu’avec des gens qui consentent à faire l’hypothèse suivante : une France ayant sur son sol métropolitain dix millions de Noirs, dont cinq ou six millions dans la vallée de la Garonne. Personne, que je sache, lorsque M. Albert Sarraut, tenant discours aux élèves de l’Ecole coloniale, leur enseigne qu’il serait puéril d’opposer aux entreprises européennes de colonisation « un prétendu droit d’occupation et je ne sais quel autre droit de farouche isolement qui pérenniseraient en des mains incapables la vaine possession de richesses sans emploi ». Moi aussi, je parle d’abus, mais pour dire qu’aux anciens - très réels - on en a superposé d’autres - très détestables. Par ailleurs, jugeant l’action colonisatrice, j’ai ajouté que l’Europe a fait fort bon ménage avec tous les féodaux indigènes qui acceptaient de servir ; ourdi avec eux une vicieuse complicité ; rendu leur tyrannie plus effective et plus efficace, et que son action n’a tendu à rien de moins qu’à artificiellement prolonger la survie des passés locaux dans ce qu’ils avaient de plus pernicieux. A cette idée : que nul ne colonise innocemment, que nul non plus ne colonise impunément ; qu’une nation qui colonise, qu’une civilisation qui justifie la colonisation - donc la force - est déjà une civilisation malade, une civilisation moralement atteinte, qui, irrésistiblement, de conséquence en conséquence, de reniement en reniement, appelle son Hitler, je veux dire son châtiment. Je veux dire pas un écrivain patenté, pas un académicien, pas un prédicateur, pas un politicien, pas un croisé du droit et de la religion, pas un « défenseur delà personne humaine ». M. Caillois, jamais l’idée ne lui est venue d’abréger les jours de ses vieux parents ! Entendez que la grande finance américaine juge l’heure venue de rafler toutes les colonies du monde. Il est étonnant qu’une cause si simple ne frappe pas tous les yeux. Notre Gourou est lâché ; ça y est ; il va tout dire ; il commence : « Les pays chauds typiques se trouvent devant le dilemme suivant : stagnation économique et sauvegarde des indigènes ou développement économique provisoire et régression des indigènes. Et qui s’indigne d’entendre un certain R.P. Elle a le mérite d’être simple. Ces Bantous sont de purs esprits, vous dis-je : « Ce qu’ils désirent avant tout et par-dessus tout, ce n’est pas l’amélioration de leur situation économique ou matérielle, mais bien la reconnaissance par le Blanc et son respect, pour leur dignité d’homme, pour leur pleine valeur humaine. Il fut un temps où de ces mêmes faits on tirait vanité, et où, sûr du lendemain, on ne mâchait pas ses mots. Quant au gouvernement, de quoi se plaindrait-il ? Mais de telle réaction surprise, de tel réflexe admis, de tel cynisme toléré. Additional Physical Format: Online version: Césaire, Aimé. On parla de l’unité de l’esprit humain ; ce ne fut qu’un rêve. » Décidément, M. Caillois est en bonne compagnie. C’est M. Mannoni qui parle : « Suivant des chemins très classiques, ces Malgaches transformaient leurs saints en martyrs, leurs sauveurs en boucs émissaires ; ils voulaient laver leurs péchés imaginaires dans le sang de leurs propres dieux. M. Caillois tient la rectification pour nulle et non avenue. En soi cela n’est pas grave. Cet écrivain français originaire des Antilles est l‘un des fondateurs du mouvement littéraire de la Négritude, aux côtés de Senghor, rejetant les effets de la colonisation française notamment sur les cultures africaine et antillaise considérées comme inférieures à la culture française. »Enfin, pour une fois, c’est un excès d’égalitarisme qui est reproché à la pensée américaine - Otto Klineberg, professeur de Psychologie à l’université de Columbia, ayant affirmé : « C’est une erreur capitale de considérer les autres cultures comme inférieures à la nôtre, simplement parce qu’elles sont différentes. Elles entraînent une inégalité de fait. Cette obligation est incompréhensible pour le Malgache. On a en fait renversé, les uns après les autres, les remparts en deçà desquels la civilisation européenne pouvait se développer librement. Tout garanti, efficacité éprouvée, toute expérience faite et concluante, c’est d’un racisme qu’il s’agit, d’un racisme français encore maigrelet certes, mais prometteur. Ceux-ci ont de plus grandes capacités qui d’ailleurs ne leur donnent pas plus de droits, mais seulement plus de devoirs... De même, il existe actuellement, que les causes en soient biologiques ou historiques, des différences de niveau, de puissance et de valeur entre les différentes cultures. Il a tout lu, tout dévoré au contraire. Five years earlier, in 1945, black people from around the Partialité ? Les psychologues, sociologues, etc., leurs vues sur le « primitivisme », leurs investigations dirigées, leurs généralisations intéressées, leurs spéculations tendancieuses, leur insistance sur le caractère en marge, le caractère, Full text of "D iscours sur le colonialisme", AAARGH - Site créé en 1996 par une équipe internationale. À preuve qu’à l’heure actuelle, ce sont les indigènes d’Afrique ou d’Asie qui réclament des écoles et que c’est l’Europe colonisatrice qui en refuse ; que c’est l’homme africain qui demande des ports et des routes, que c’est l’Europe colonisatrice qui, à ce sujet, lésine ; que c’est le colonisé qui veut aller de l’avant, que c’est le colonisateur qui retient en arrière. Au fait, le dossier est accablant. RSS 2.0, 2012 - LIENS ET ADRESSES DE SITES ET DE BLOGS, http://archive.org/details/DiscoursSurLeColonialisme, http://percaritatem.com/wp-content/uploads/2011/05/Cesaire-Discours-sur-le-colonialisme_French.pdf, http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2008/04/17/8855894.html, http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article554, http://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_sur_le_colonialisme, 14 MARS 2015 - PARIS SORBONNE- MARX AU XXIè SIECLE : L’IRONIE MARXISTE - LEFEBVRE, POLITZER ET LES AUTRES, PARIS-SORBONNE- 17 FÉVRIER 2015 -SOIRÉE DÉBATS : "ITINÉRAIRES COMMUNISTES", VIDÉO DE LA CONFÉRENCE DONNÉE PAR ALLISON DREW ET PAR ALAIN RUSCIO À LA SORBONNE LE 25 JANVIER 2015 : "LUTTE ANTICOLONIALE EN ALGÉRIE & MOUVEMENT OUVRIER ET DÉMOCRATIQUE FRANÇAIS", PARIS- 16 & 17 JANVIER 2015 : COLLOQUE INTERNATIONAL NICOS POULANTZAS, UN MARXISME POUR LE XXIè SIÈCLE, PARIS - 24 JANVIER 2015 : MARXISME ET LA LUTTE ANTICOLONIALE EN ALGÉRIE. Vrai ou pas vrai ? Kelley. Au lieu que ce soient les seuls mots que l’on puisse, en toute honnêteté, appliquer aux entreprises européennes hors d’Europe. Volatilisés ! La vérité est que j’ai dit toute autre chose : savoir que le grand drame historique de l’Afrique a moins été sa mise en contact trop tardive avec le reste du monde, que la manière dont ce contact a été opéré ; que c’est au moment où l’Europe est tombée entre les mains des financiers et des capitaines d’industrie les plus dénués de scrupules que l’Europe s’est « propagée » ; que notre malchance a voulu que ce soit cette Europe-là que nous ayons rencontrée sur notre route et que l’Europe est comptable devant la communauté humaine du plus haut tas de cadavres de l’histoire. On me parle de civilisation, je parle de prolétarisation et de mystification. Prvi puta je objavljeno 1950. godine. Car enfin, il faut en prendre son parti et se dire, une fois pour toutes, que la bourgeoisie est condamnée à être chaque jour plus hargneuse, plus ouvertement féroce, plus dénuée de pudeur, plus sommairement barbare ; que c’est une loi implacable que toute classe décadente se voit transformée en réceptacle où affluent toutes les eaux sales de l’histoire ; que c’est une loi universelle que toute classe, avant de disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, omni latéralement, et que c’est la tête enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur chant du cygne. A poetics of anticolonialism / Robin D.G. Les Gaulois détruits se changeaient en Bagaudes. M. Caillois n’a jamais songé à achever un infirme ! Ceux qui, comme Ramadier, s’en barbouillent - à la Silène - la face ; Fonlup - Esperaber [4], qui s’en empèse les moustaches, genre vieux-Gaulois-à-la-tête-ronde ; le vieux Desjardins penché sur les effluves de la cuve, et s’en grisant comme d’un vin doux. Mais des d’Elbée, des Marchais, des Pigafetta ! De Gourou, son livre: Et nous lisons ensemble: Vous allez au Congo? Pour ouvrir ici une parenthèse dans ma parenthèse, je crois qu’un jour viendra où tous les éléments réunis, toutes les sources dépouillées, toutes les circonstances de l’œuvre élucidées, il sera possible de donner des Chants de Maldoror une interprétation matérialiste et historique qui fera apparaître de cette épopée forcenée un aspect par trop méconnu, celui d’une implacable dénonciation d’une forme très précise de société, telle qu’elle ne pouvait échapper au plus aigu des regards vers l’année 1865. Pressons : M. Caillois n’est pas encore au bout de son palmarès. Pour nous, le problème n’est pas d’une utopique et stérile tentative de réduplication, mais d’un dépassement. On m’excusera d’avoir si longuement parlé de M. Caillois. ». Le grave est que « l’Europe » est moralement, spirituellement indéfendable. Pensez donc ! Que l’on pille, que l’on torture au Congo, que le colonisateur belge fasse main basse sur toute richesse, qu’il tue toute liberté, qu’il opprime toute fierté - qu’il aille en paix, le révérend Père Tempels y consent. Et le silence se fait profond comme un coffre-fort ! Alors, n’est-il pas vrai, on comprendra que l’ennemi dont Lautréamont a fait l’ennemi, le « créateur » anthropophage et décerveleur, le sadique « juché sur un trône formé d’excréments humains et d’or », l’hypocrite, le débauché, le fainéant qui « mange le pain des autres » et que l’on retrouve de temps en temps ivre-mort « comme une punaise qui a mâché pendant la nuit trois tonneaux de sang », on comprendra que ce créateur-là, ce n’est pas derrière le nuage qu’il faut aller le chercher, mais que nous avons plus de chance de le trouver dans l’annuaire Desfossés et dans quelque confortable conseil d’administration ! Il déplorait que « le destin de la civilisation d’Occident, le destin de l’homme tout court » fussent aujourd’hui menacés ; que l’on s’efforçât de toutes parts « de faire appel à nos angoisses, de contester les titres de notre culture, de mettre en question l’essentiel de notre avoir », et M. Massis faisait serment de partir en guerre contre ces « désastreux prophètes ». C’est la vertu de l’Europe d’ainsi susciter au moment le plus critique des héroïsmes salvateurs. Juridisme ? De convenir de ce qu’elle n’est point : ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit ; d’admettre une fois pour toutes, sans volonté de broncher aux conséquences, que le geste décisif est ici de l’aventurier et du pirate, de l’épicier en grand et de l’armateur, du chercheur d’or et du marchand, de l’appétit et de la force, avec, derrière, l’ombre portée, maléfique, d’une forme de civilisation qui, à un moment de son histoire, se constate obligée, de façon interne, d’étendre à l’échelle mondiale la concurrence de ses économies antagonistes. ». Ils prouvent que la colonisation, je le répète, déshumanise l’homme même le plus civilisé ; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mépris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-même en bête. Ces clameurs sauvages ! Qu’il s’appelle Renan, c’est un hasard. La règle, au contraire, est de la muflerie bourgeoise. Ce discours … C’étaient des sociétés démocratiques, toujours. Seulement son cerveau fonctionne à la manière de certains appareils digestifs de type élémentaire. Aimé Césaire, « Lettre à Maurice Thorez », 1956. Ceux qui en font rubis sur l’ongle, n’y mettant jamais d’eau. M. Caillois n’identifie pas autrement l’ennemi. Ils étaient prêts, même à ce prix, ou plutôt à ce prix seulement, à renverser encore une fois leur attitude. Disparus, confondus, méconnaissables au royaume des pâles ratiocinations. Plus de crise sociale ! Réduisez cette noble race à travailler dans l’ergastule comme des nègres et des Chinois, elle se révolte. On s’étonne, on s’indigne. Devant elles n’avaient de sens, ni le mot échec, ni le mot avatar. Elles étaient le fait, elles n’avaient aucune prétention à être l’idée, elles n’étaient, malgré leurs défauts, ni haïssables, ni condamnables. ». Paris : Présence africaine, 1989 (OCoLC)649572853: Document Type: J’ai dit qu’il y a des vues juste dans le livre de M. Gourou : « Le milieu tropical et les sociétés indigènes, écrit-il, dressant le bilan de la colonisation, ont souffert de l’introduction de techniques mal adaptées, des corvées, du portage, du travail forcé, de l’esclavage, de la transplantation des travailleurs d’une région dans une autre, de changements subits du milieu biologique, de conditions spéciales nouvelles et moins favorables.