Ce qui reste de temps après les Vigiles sera employé à l’étude du psautier ou des leçons, par ceux du moins qui en auront besoin. Les sœurs de Grandchamp disent ensemble à haute voix ce texte au début de chaque journée. Elles laissent entrevoir un bonheur caché dans l’inaccompli et au-delà de la souffrance : Heureux ceux qui, touchés par l’Esprit, ne retiennent plus leurs larmes, les laissent sortir, et reçoivent une consolation. Chaque âge et chaque degré d’intelligence demandent une règle de conduite particulière. Ils se souviendront toujours d’Ananie et de Saphirece couple, après avoir vendu une propriété pour en faire don à l’Église, décida de conserver — en la dissimulant — une partie de l’argent ; ce qui leur fit perdre la vie en face des ApôtresAc 5, 1-11, de peur que la mort que ceux-ci subirent dans leur corps ne les éprouve dans leur âme, eux et tous ceux qui frauderaient avec les biens du monastère. Il doit donc être docte dans la loi divine, afin de savoir où puiser des choses anciennes et des choses nouvelles. Le dimanche, on se lèvera pour les Vigiles plus tôt qu’à l’ordinaire. Jésus le Christ, tu connais notre désir d’accueillir pleinement les frères et sœurs qui se trouvent à nos côtés. Qu’il ne néglige rien. S’il sortait de nouveau, il pourra être reçu jusqu’à trois fois. Avant tout, aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa forceDt 6, 5Mt 22, 37Mc 12, 30 ; ensuite le prochain comme soi-mêmeMt 22, 39Mc 12, 31Lc 10, 27. Tous les hôtes qui arrivent seront reçus comme le Christ, car lui-même dira un jour : J’ai demandé l’hospitalité et vous m’avez reçu.Mt 25, 35 À tous on témoignera l’honneur qui leur est dû, surtout aux proches dans la foil’expression domesticis fidei désigne ceux qui font tout particulièrement partie de la maison — domus — de l’Église, par exemple les clercs et les moinesGa 6, 10 et aux pèlerins. Craindre le jour du jugementJb 31, 14 ; redouter l’enferMt 10, 28 et désirer la vie éternelle de toute l’ardeur de son espritPh 1, 23. Celui qui entre en semaine dira ensuite : Dieu, viens me délivrer ; Seigneur, viens vite à mon secours !Ps 69, 2 Et ce verset ayant été aussi répété trois fois par tous, il recevra la bénédiction et entrera en fonction. C’est à lui de régler et disposer toute chose de telle sorte que les âmes se sauvent et que les frères fassent leur tâche sans motif légitime de murmure. (3700p - Les 6 vol. Que ton regard d’espérance sur le monde devienne le nôtre. Dans l’Évangile de la multiplication des pains, Jésus est ému de compassion en voyant la foule affamée. Lorsque quelqu’un, dans un travail à la cuisine, au cellier, dans un atelier, à la boulangerie, au jardin, dans l’exercice d’un métier, en quelque lieu que ce soit, fait une faute, brise ou perd quelque chose, ou commet un délit quelconque, s’il ne vient pas aussitôt de lui-même en donner satisfaction et s’en accuser devant l’abbé et la communauté, et qu’on vienne à le connaître par un autre, il subira une correction plus sévère. À Prime, on dira trois psaumes séparément, et non sous un seul Gloria. Introduction au thème de l’année 2021 Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance (cf. Avec les yeux de la foi, nous voyons que le Règne de Dieu est une réalité toute proche mais encore toute petite, à peine visible comme une graine de moutarde. Avant tout, il faut retrancher radicalement du monastère ce vice de la propriété. Bien que l’homme par nature soit porté à la compassion envers les vieillards et les enfants, l’autorité de la règle doit néanmoins intervenir en leur faveur. Chacun a reçu de Dieu son don propre : l’un celui-ci, l’autre celui-là.1 Co 7, 7 Ce n’est donc pas sans quelque scrupule que nous fixons aux autres la mesure de leur aliment. Aussi, ne vivant plus à leur gré et n’obéissant plus à leurs désirs ni à leurs satisfactions, ils marchent d’après le jugement et le commandement d’autrui, et désirent, en se retirant au monastère, se soumettre à un abbé. Il pénétrera les régions de l’intelligence et celles du cœur, il atteindra notre chair jusqu’aux entrailles, en sorte que nous aussi nous ayons un jour des entrailles de miséricorde ». Toutes les fois qu’il y aura dans le monastère des affaires importantes à traiter, l’abbé convoquera toute la communauté, puis il exposera lui-même ce dont il s’agit. Mais de même qu’il convient aux disciples d’obéir au maître, il faut aussi que le maître dispose tout avec prévoyance et équité. Après la dernière oraison de l’Œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents. La croix seule donne de connaître l’insondable profondeur de l’amour ». Et alors, si l’abbé l’ordonne, il sera reçu au chœur et au rang que l’abbé aura déterminé. Nous estimons toutefois que, dans les endroits tempérés, une coule et une tunique suffisent pour chaque moine, avec un scapulaire pour le travailil s’agit très probablement des même vêtements que portaient les paysans d’alors : la coule était un manteau à large capuchon — cucullus —, la tunique une robe portée communément à Rome et serrée à la taille par une ceinture, tandis que le scapulaire consistait en une longue bande de tissus croisée sur la tunique pour la maintenir près du corps durant le travail manuel. Ensuite viendra une leçon tirée de l’Apôtre, à réciter par cœur, puis le verset et la prière litanique, c’est-à-dire Kyrie eleisonSeigneur, prends pitié : invocation liturgique d’origine grecque. À chacune des autres Heures, c’est-à-dire à Tierce, Sexte et None, on dira trois autres sections du même psaume. Et c’est par la prière, par l’écoute de la Parole, en partageant avec d’autres, en mettant en pratique ce que nous avons compris que l’être intérieur se fortifie. Si un frère sort par sa propre faute du monastère, et qu’il veuille y rentrer, il promettra d’abord de se corriger entièrement du vice qui a été la cause de sa sortie. En même temps, elles relancèrent la pratique des retraites spirituelles pour nourrir leur vie de foi, inspirées par l’exemple du Christ qui partit dans un endroit isolé pour prier. Les petits enfants et les adolescents garderont avec ordre et discipline leur rang à l’oratoire et au réfectoire. Il nous faut, en effet, lui obéir en tout temps, à l’aide des biens qu’il a mis en nous, afin que non seulement, tel un père offensé, celui-ci n’ait pas à déshériter un jour ses enfants, mais encore qu’en maître redoutable, irrité par nos méfaits, il n’ait pas à nous livrer à la peine éternelle, comme de très mauvais serviteurs qui n’auraient pas voulu le suivre jusqu’à la gloire. Ils veilleront en tout sur leurs décaniesun groupe d’une dizaine de moines, conformément aux préceptes de Dieu et aux ordres de leur abbéAc 6, 3. « Avec presque rien, es-tu créateur de réconciliation dans ce mystère de communion qu’est l’Église ? Honorer tous les hommes1 P 2, 17, et ne pas faire à autrui ce qu’on ne ne veut pas qu’on nous fasseTb 4, 15Mt 7, 12. Lorsque quelqu’un se trompe dans la récitation d’un psaume, d’un répons, d’une antienne ou d’une leçon, s’il ne s’en humilie pas sur place et devant tout le monde, en donnant satisfaction, il subira une correction plus sévère ; cela pour n’avoir pas voulu corriger par un acte d’humilité la faute qu’il a commise par sa négligence. Accomplir chaque jour par ses œuvres les préceptes de DieuSi 6, 37. [1] Le thème choisi, « Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » basé sur le texte de Jean 15,1-17, exprime sa vocation de prière, de réconciliation et d’unité dans l’Église et la famille humaine. Néanmoins, en communauté, la prière sera très courte ; et sur le signal du supérieur, tous se lèveront en même temps. On accordera même l’usage de la viande aux malades qui sont tout à fait infirmes, afin qu’ils puissent refaire leurs forces ; mais aussitôt qu’ils seront mieux portants, ils reprendront l’abstinence accoutumée. En étant solidaires de ceux qui souffrent, nous permettons à l’amour du Christ de couler en nous. Gn 18,1-5         Abraham accueille les anges aux chênes de Mamré, Mc 6,30-44        La compassion de Jésus pour les foules. Amen. On ne devra donc, en raison de l’importance du silence, n’accorder que rarement aux disciples — fussent-ils parfaits — la permission de parler, même à propos de choses bonnes, saintes et édifiantes. Dorothée de Gaza, moine en Palestine au VI, Se rapprocher des autres, vivre en communauté avec d’autres personnes parfois très différentes de nous peut être difficile. Qu’ils l’empêchent, par la consolation qu’ils lui procurent, de se laisser absorber par l’excès de la tristesse ; mais, comme dit l’Apôtre : Il faut que la charité redouble à son égard2 Co 2, 7-8, et que tous prient pour lui. L’Œuvre de Dieu terminée, tous les frères sortiront dans un profond silence, et maintiendront leur révérence envers Dieu ; afin qu’un frère qui veut y prier en particulier n’en soit pas empêché par l’importunité d’autrui. Les plus jeunes frères n’auront pas leurs lits placés les uns près des autres, mais répartis entre ceux des anciens. Il s’en chargera lui-même, ou la confiera à un frère si ponctuel que tout s’accomplisse aux heures régulières. Après ce psaume, on en dira deux autres, selon l’usage, à savoir : le lundi, le cinquième et le trente-cinquième ; le mardi, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième ; le mercredi, le soixante-troisième et le soixante-quatrième ; le jeudi, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième ; le vendredi, le nonante-cinquième et le nonante-et-unième ; le samedi, le cent quarante-deuxième avec le cantique du Deutéronome, que l’on divisera en deux Gloria. 1er Jour : Appelés par Dieu – « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis » (Jn 15,16a), 2e Jour : Mûrir intérieurement – « Demeurez en moi comme je demeure en vous » (Jn 15,4), 3e Jour : Former un corps uni – « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12), 4e Jour : Prier ensemble – « Je ne vous appelle plus serviteurs… je vous appelle amis » (Jn 15,15), 5eJour : Se laisser transformer par la Parole – « Déjà vous êtes émondés par la parole… » (Jn 15,3), 6e Jour : Accueillir l’autre – « Que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,16), 7e Jour :  Grandir dans l’unité – « Je suis la vigne, vous êtes les sarments » (Jn 15,5), 8e Jour : Se réconcilier avec tout le créé – « Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,11). La coule sera velue en l’hiver, légère ou usagée en été. Sois béni pour ton invitation à nous laisser transformer par elle. Celui qui sort de semaine dira ce verset : Tu es béni, Seigneur Dieu, toi qui m’aides et me consoles.Dn 3, 52Ps 85, 17 Après l’avoir dit trois fois, il recevra la bénédiction. Parle-leur à travers nos mots, soutiens-les à travers nos gestes, et que ta bénédiction repose sur nous tous. Si quelqu’un traite avec malpropreté ou négligence les choses appartenant au monastère, il sera réprimandé ; s’il ne s’amende pas, il subira la discipline régulière. Souvenons-nous sans cesse de ce que dit le Prophète : Servez le Seigneur dans la crainte.Ps 2, 11 Et encore : Psalmodiez avec sagesse.Ps 46, 8 Et : Je te chanterai en présence des anges.Ps 137, 1 Considérons donc comment nous devons nous tenir en présence de sa Divinité et de ses anges, et livrons-nous à la psalmodie de telle manière que notre esprit soit d’accord avec notre voix. Garder sa langue de tout propos mauvais ou nuisiblePs 33, 14 ; ne pas aimer à beaucoup parlerPr 10, 19, ne pas dire de paroles vaines ou qui ne portent qu’à rireMt 12, 36, et ne pas aimer le rire trop fréquent ou trop bruyantSi 21, 20. À d’autres moments, Jésus se retirait seul pour prier. Se tourner vers Jésus, et lui dire « apprends-moi » peut ouvrir un chemin. Pour grandir, il lui faut de l’espace. Que l’abbé ait donc une égale charité pour tous ; qu’il n’y ait pour tous qu’une même discipline, appliquée selon les mérites de chacun. L’abbé jugé digne d’être à la tête d’un monastère doit se rappeler sans cesse comment on l’appelle, et porter par ses actes le nom de supérieur. Il n’agira plus par crainte de l’enfer, mais par amour du Christ, par l’habitude même du bien et par l’attrait des vertus. Et si faire se peut, comme nous l’avons déjà établi, que tout le service du monastère soit assuré par des doyens, selon que l’abbé l’aura disposé : la charge étant ainsi partagée entre plusieurs, un seul n’aura pas à s’enorgueillir. Que l’homme libre ne soit pas préféré à celui qui sera venu de l’esclavage, à moins qu’il n’y ait à cela un autre motif raisonnable. Le psaume cent dix-huit sera ainsi distribué entre deux jours, à savoir le dimanche et le lundi. Quand les Saints, désirant s’approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu. Si un moine étranger, venu de contrées lointaines, se présente au monastère, s’il veut y séjourner comme hôte, et se contente de la vie qu’on y mène, on le recevra aussi longtemps qu’il le désire, pourvu qu’il ne trouble pas le monastère par ses exigences, mais s’accommode simplement de ce qu’il trouve. Celle-ci terminée, l’abbé lira la leçon de l’Évangile, tandis que tous se tiendront debout avec respect et crainte. Ils suivent d’un pied si prompt la voix du commandement que, dans l’empressement qu’inspire la crainte de Dieu, il n’y a pas d’intervalle entre l’ordre du supérieur et l’action du disciple, les deux s’accomplissant au même moment. En se levant pour l’Œuvre de Dieu, ils s’encourageront doucement les uns les autres, afin qu’il ne reste pas d’excuse aux dormeurs.