C. Puzin, Littérature – textes et documents, XVIIe siècle (coll. Ce que je vous dis ne va pas bien loin ; et si vous en demeurez là, vous ne laisserez pas de vous perdre ; mais au moins vous vous perdrez en honnête homme. Vous êtes piégée par les préjugés c’est-à-dire par les conventions qui sont celles sous lesquelles vous vivez. On se sent enclin à témoigner des égards à la vertu, à l’intelligence, à leur rendre hommage, fût-ce dans le silence et le secret de l’intériorité. La condition des grands n’est pas naturelle.Voulant former un jeune prince (probablement le fils aîné du duc de Luynes) à remplir les devoirs et éviter les dangers de sa future fonction conformément à la morale chrétienne, Pascal lui demande dans Trois Discours sur la condition des Grands de méditer sur la condition des grands afin de l’éclairer, plus généralement, sur … Réel s’oppose à fictif. Les grandeurs d’établissement dépendent de la volonté des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains états, et y attacher certains respects. Ainsi peut-on soutenir sans contradiction que les grandeurs d’établissement sont purement conventionnelles, qu’elles dépendent de la fantaisie des hommes et néanmoins que les respects d’établissement doivent « être accompagnés, selon la raison, d’une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre »? Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous pensez le contraire ? D’une visite faite par rencontre, d’un discours en l’air, de mille occasions imprévues. «Pour entrer dans la véritable connaissance de votre condition, considérez-la dans cette image. troubler). Vous imaginez-vous aussi que ce soit par quelque loi naturelle que ces biens ont passé de vos ancêtres à vous? Dans la préface qui précède le texte, Nicole écrit : « Une des choses sur lesquelles feu M. Pascal avait plus de vues était l’instruction d’un prince que l’on tâcherait d’élever de la manière la plus proportionnée à l’état où Dieu l’appelle, et la plus propre pour le rendre capable d’en remplir tous les devoirs et d’en éviter tous les dangers. L’auteur commence son propos par une fable ou plus exactement, selon le modèle évangélique, une parabole. Car tous les emportements, toute la violence et toute la vanité des grands vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont : étant difficile que ceux qui se regarderaient intérieurement comme égaux à tous les hommes, et qui seraient bien persuadés qu’ils n’ont rien en eux qui mérite ces petits avantages que Dieu leur a donnés au-dessus des autres, les traitassent avec insolence. On a vu là cette île inconnue où l'homme est jeté ; cette négation du droit de … Il faut donc ou que ce qu’il a écrit de cette matière ait été perdu, ou qu’ayant ces pensées extrêmement présentes, il ait négligé de les écrire Et comme par l’une et l’autre cause le public s’en trouve également privé, il est venu dans l’esprit d’une personne, qui a assisté à trois discours assez courts qu’il fit en divers temps à un enfant de grande condition et dont l’esprit, qui était extrêmement avancé, était déjà capable des vérités les plus fortes, d’écrire neuf ou dix ans après ce qu’il en a retenu. – Pascal est un grand ironiste extrêmement venimeux et sournois. Le troisième discours est un point d’orgue dans la réflexion pascalienne car il est le plus théologique. Nous pensons donc que seul un ordre conventionnel respectueux de la loi intérieure de l’esprit peut prétendre au consentement intérieur de la raison. Son salut n'est pas entre ses mains, il est dans celles de Dieu qui sauve ou qui damne. Si vous êtes duc et honnête homme, je rendrai ce que je dois à l’une et à l’autre de ces qualités. Le second est appelé « d’un établissement humain », il est le fruit de la coutume, il peut varier d’un lieu à l’autre selon le « tour d’imagination [de] ceux qui ont fait les lois », expression à comprendre comme invention raisonnée selon les circonstances culturelles. Car une conversion suppose toujours une expérience décisive par laquelle s’opère la transformation radicale d’un être. Ils ne sont pas fondés en nature ou en raison. Nous devons quelque chose à l’une et à l’autre de ces grandeurs; mais comme elles sont d’une nature différente, nous leur devons aussi différents respects. Au mieux, moi qui n’ai pas le privilège d’avoir été touché par la grâce, penserais-je que c’est une signification imaginaire sociale. (Question). Voilà en quoi consiste la justice de ces devoirs. Bien à vous. Questions portant sur le premier discours : 1) Quel est le thème de ce premier discours ? Tout l’objet du second discours est donc une entreprise de démythification du secret de la grandeur : « Le peuple […] croit que la noblesse est une grandeur réelle, et il considère presque les grands comme étant d’une autre nature que les autres ». Pascal, Trois Discours sur la condition des Grands. Ses principes doivent pouvoir être justifiés en raison ou en nature. Le conatus d’auto-affirmation comme l’appellent Hobbes et Spinoza, l’amour de soi ou l’amour-propre sont la respiration de tout existant et c’est cela le principe du désordre terrestre. Ils sont contingents et ne peuvent se prévaloir d’une justice naturelle. Mais dès que la convention a force de loi, le juste s’identifie au respect de la légalité, l’injuste à l’illégalité. Je salue la rigueur toute professorale de Madame Manon. C'est Pierre Nicole, dans De l'éducation d'un prince publié en 1670 qui retranscrit ces discours. Le moyen que je vous ouvre est sans doute plus honnête ; mais en vérité c’est toujours une grande folie que de se damner ; et c’est pourquoi il n’en faut pas demeurer là. Il cachait cette dernière pensée, et il découvrait l‘autre. Le monarque bien disposé sait que « ce royaume ne lui appart[ient] pas » et « il cach[e] cette dernière pensée ». La crise des significations imaginaires sociales. Cela n’est pas véritable. En revanche ses arguments critiques sont incroyables pour le XVIIeme et toujours scandaleux actuellement. Ne vous imaginez pas que ce soit par un moindre hasard que vous possédez les richesses dont vous vous trouvez maître, que celui par lequel cet homme se trouvait roi. « Qui ne hait en soi son amour-propre, et cet instinct qui le porte à se faire Dieu est bien aveuglé. Or, quoique après un si long temps il ne puisse pas dire que ce soient les propres paroles dont M. Pascal se servit alors, néanmoins tout ce qu’il disait faisait une impression si vive sur l’esprit, qu’il n’était pas possible de l’oublier. Beaucoup qui étaient puissants ont tout perdu, des gens dont tout le monde parlait sont tombés aux mains d’un nouveau venu. « Je veux vous faire connaître, Monsieur, votre condition véritable, car c’est la chose du monde que les personnes de votre sorte ignorent le plus. Mais l’ordre politique qui est une figure de désordre et d’injustice selon l’ordre de la grâce revêt dans l’ordre de la nature corrompue, une légitimité correspondant à sa nécessité. Vous devez vous dire mais pour qui se prend-il cet imbécile ? Ils doivent, apprend-on, « être néanmoins accompagnés selon la raison d’une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre ». Il en est des Grands ce qu’il en est de notre naufragé. Figurons nous donc qu’ils se battront jusqu’à ce que la plus forte partie opprime la plus faible, et qu’enfin il y ait un parti dominant. Ne sait-il pas que la société athénienne produit un type anthropologique qui respecte les lois tout en pouvant, en droit, les remettre continuellement en question. D’une visite faite par rencontre, d’un discours en l’air, de mille occasions imprévues. Inconscient. Car si l’institution sociale est de pure convention, les conventions sociales sont présentées ici comme cautionnées par la loi divine ou loi naturelle. Mais d’où ces mariages dépendent-ils ? Qui ne voit que rien n’est si opposé à la justice et à la vérité » Pensées, B 492. La démocratie pensée dans toute sa profondeur, voilà le problème et le scandale pour les tenants du royaume de la charité qui est sans doute une des formes de l’hétéronomie. « C’est ainsi » mais cela pourrait être autrement. NB : L’existence d’ordres différents de grandeurs et de respects expose au risque de confusion des ordres c’est-à-dire à ce que Pascal appelle la tyrannie, le ridicule ou l’injustice. Tumulti e ordini. En revanche du point de vue de l’ordre de la supériorité véritable, les ordres civils sont des figures de désordre et d’injustice. Je passerai donc devant lui, et l’estimerai plus que moi en qualité de géomètre. « A quoi bon une philosophie qui ne dérange personne ? Chapitre II – Conscience. Il faut donc tenter de comprendre ce qu’il veut dire. Ne vous étonnez pas de ce que je vous ai dit, qu’il faut que vous naissiez encore une fois » Evangile de Jean 3. Ce n’est point votre force et votre puissance naturelle qui vous assujettit toutes ces personnes. Quelle est la fonction de la civilité? ». Pascal reprend la distinction des « grandeurs » pour approprier le comportement de son élève. Distinguer des grandeurs ou des ordres ; Pascal est coutumier de ce souci. Seule la grâce peut rendre possible la capacité de l’inférieur à s’élever au supérieur. La première conclusion qui en découle est que le respect dû au trône s’adresse à la fonction et non à la personne. – Pour finir : dans ses Carnets Camus écrit que ce qui manque à la société, c’est une aristocratie. Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Les trois discours sur la condition des grands de Pascal Ce document contient 1632 mots soit 4 pages.Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Ne prétendez donc point les dominer par la force, ni les traiter avec dureté. Trois Discours sur la condition des grands : Suivis de Pensées sur la politique (1670) ont pour ambition de remédier aux trois défauts auxquels le pouvoir porte : la méconnaissance de soi-même, l'irrespect de ce qui est dû et le mépris de la concupiscence. « Le royaume de la charité n’est pas qu’un idéal très abstrait ou une intuition peu communicable ». C’est un royaume de concuspiscence où l’on fait que ce qui est fort soit juste et où l’amour de soi des uns et des autres est souverain. – faire ironiquement écho à la mode de l’insulte chez les philosophes Par là, voilà toute sédition prévenue si on peut faire entendre cela, et ce que c’est précisément que la définition de la justice » Pensée. L’important n’est pas la rationalité de l’accord, c’est sa capacité à promouvoir l’ordre social. C. Castoriadis. Les rois, les ministres, les assemblées sont par nature des grands de chair. Plan Trois Discours Sur La Condition Des Grands. Votre royaume est de peu d’étendue ; mais vous êtes égal en cela aux plus grands rois de la terre ; ils sont comme vous des rois de concupiscence. H. Mitterrand, Nathan, page 153) ▲ Signe de l’état de chute et de corruption il est justifié, quels que soient ses visages historiques, par le fait qu’il maîtrise en partie les effets du péché l’ayant rendu nécessaire. Le principe du mal est l’amour de soi en lieu et place de l’amour de Dieu. En retrouvant l'origine de cette richesse, Pascal polémique sur la notion même de propriété en analysant l'idée que cette répartition des biens soit naturellement due. « Nous ne devons les respects naturels qu’aux grandeurs naturelles » écrit Pascal. 3) L’analyse précédente établit donc qu’il n’y a pas de salut de l’humanité par la politique. Il lui rappelle que dans son for intérieur tout homme, fût-il le plus misérable socialement, est une citadelle inexpugnable. Ce royaume est implicitement celui des biens qui demeurent, biens spirituels faut-il préciser, celui de la communion des personnes, du partage, de la gratuité du don, de la surabondance de la grâce qui annihile la faute. Mais si vous étiez duc sans être honnête homme, je vous ferais encore justice; car en vous rendant les devoirs extérieurs que l’ordre des hommes a attachés à votre naissance, je ne manquerais pas d’avoir pour vous le mépris intérieur que mériterait la bassesse de votre esprit. » ▲ En revanche, un noble scélérat ne perd pas pour autant le droit à être respecté en public, ce qui n’empêche nullement celui qui le salue de mépriser intérieurement la personne privée. Et c’est là où l’imagination commence à jouer son rôle. Le récit initial reprend ces éléments antithétiques : l’homme connaît le malheur d’être « jeté par la tempête dans une île inconnue ». Mais je pense que ça ne doit pas empêcher de se poser des questions à partir du texte de Pascal, après tout il a une prétention de vérité, et un génie qui accepte de voir sa pensée abordée par les angles les plus improbables et les esprits les plus épais. Par cette propension à se faire le centre de tout, les hommes ne peuvent donc prétendre vivre dans la justice. En conséquence, les puissants qui n’ont nul mérite à posséder doivent rester conscients de leur véritable nature en leur for interne et se rappeler qu’ils sont frappés par l’indignité de la faute originelle qu’ils partagent avec le reste de l’humanité. Les « grandeurs d’établissement » relèvent de l’arbitraire, du contingent. s’il nous plaît ! Il faut mépriser la concupiscence et son royaume, et aspirer à ce royaume de charité où tous les sujets ne respirent que la charité et ne désirent que les biens de la charité. Il comprend : 1. Les « Grands » sont les hommes qui, dans une société donnée, occupent les positions de pouvoir, de prestige et de richesse. Ils sont comme vous des rois de concupiscence. Je ne vous refuserai point les cérémonies que mérite votre qualité de duc, ni l’estime que mérite celle d’honnête homme. Bien avant la célèbre analyse de Rousseau dans le Contrat Social Pascal montre que la justice étant sujette à dispute, on n’a pu faire que la justice soit forte. Présentation du chapitre XXV: le plaisir. Est paradoxale une proposition nous semblant contenir une contradiction. Cette « image » doit permettre d’« entrer dans la véritable connaissance de [la] condition » humaine des Grands. Qu’il faille se conformer aux normes sociales, soit, qu’il faille de surcroît reconnaître la justice d’un système normatif arbitraire c’en est trop. Il croit que la noblesse est une grandeur réelle, et il considère presque les Grands comme étant d’une autre nature que les autres. « Pour entrer dans la véritable connaissance de votre condition, considérez-la dans cette image » dit le texte. Il n’est pas nécessaire, parce que vous êtes duc, que je vous estime ; mais il est nécessaire que je vous salue. L’un unit les hommes dans l’amour de bienveillance. (Réponse à la question 5), La remarque suggère aussi que la position de Pascal est moins conventionnaliste qu’elle s’affiche. Absolu hasard de la rencontre, méprise sur les personnes, désir du roi manquant de la part du peuple insulaire. ▲ Ou bien : « C’est une sottise et une bassesse d’esprit que de leur refuser ces devoirs ».Voilà qui a de quoi surprendre. Sous la direction de Yves Charles Zarka. « Les cordes qui attachent le respect des uns envers les autres en général sont cordes de nécessité, car il faut qu’il y ait différents degrés, tous les hommes voulant dominer, et tous ne le pouvant pas, mais quelque uns le pouvant. S’il leur avait plu d’ordonner que ces biens, après avoir été possédés par les pères durant leur vie, retourneraient à la république après leur mort, vous n’auriez aucun sujet de vous en plaindre. Figures de la corruption de notre nature : la souveraineté de l’ordre naturel. « Car tous les emportements, toute la violence, et toute la vanité des Grands, vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont : étant difficile que ceux qui se regarderaient intérieurement comme égaux à tous les hommes, et qui seraient bien persuadés qu’ils n’ont rien en eux qui mérite ces petits avantages que Dieu leur a donnés au-dessus des autres, les traitassent avec insolence. Ainsi vaut-il mieux des lois imparfaites que l’absence de loi. Qui peut dire que Camus est un affreux absolutiste haineux du peuple ? Le moyen que je vous ouvre est sans doute plus honnête; mais en vérité c’est toujours une grande folie que de se damner. J’ai lu avec intérêt le dossier concernant ces excellents « discours sur la condition des grands ». Expliquez la phrase : « Cet ordre n’est fondé que sur la seule volonté des législateurs qui ont pu avoir de bonnes raisons, mais dont aucune n’est prise d’un droit naturel que vous avez sur ces choses ». Si l’une tire sa gloire de sa force et de sa domination dans le concert des nations, l’autre tire sa gloire de son absorption dans la perfection divine. Naturelles se comprend par opposition à conventionnelles. Car ils ne peuvent y obéir et s’y soumettre que s’ils croient que c’est un ordre réel et que les principes en sont justes. Le premier est dit « de nature », il correspond aux talents personnels mais évoque peut-être aussi ce que nous nommons aujourd’hui les droits de l’homme, droits universels et intangibles. La « grandeur d’établissement » ne peut recourir à la « force » issue de la « grandeur naturelle ». C’est pourquoi « quand ces lois sont une fois établies, il est injuste de les violer. Ces gens sont pleins de concupiscence. On se demande pourquoi le jansénisme a été combattu avec tant de violence jusqu’à la destruction de l’ordre par Louis XIV. Madame Manon, ne vous inquiétez pas ! Il a voulu que l’homme puisse exercer librement sa vertu dans la gestion des biens terrestres et qu’il concoure au bien commun par leur partage. « Les enfants de Port Royal auxquels on ne donne point cet aiguillon d’envie et de gloire tombent dans la nonchalance » reconnaît la pensée B.151. À la « grandeur d’établissement », nous devons un respect pour ses signes extérieurs de puissance, mais avec, « selon la raison, […] une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre ». Toutes les révolutions aboutissent à la confiscation du pouvoir par une nouvelle classe dirigeante. Le troisième est un appel raisonnable à la modération du désir de s’approprier, de consommer, de détruire des ressources, à l’engagement personnel au service du bien commun. En effet, aucun homme, n’est par nature, habilité à gouverner d’autres hommes. Cette prise de conscience est nécessaire pour s’affranchir de la morgue, de la vanité, de l’insolence voire de la cruauté que se permettent trop souvent ceux qui vivent dans la méconnaissance de la vérité de leur condition naturelle et de leur condition sociale. L’homme a perdu sa nature première en perdant Dieu mais la perfection divine a laissé en lui un vide qu’il cherche vainement à combler. Aux grandeurs d’établissement respect d’établissement dit Pascal. Un titre de duc ne saurait appeler l’estime pour la personne s’il n’habille pas un « honnête homme ». Cela se lit, du point de vue du « grand » concerné, comme un avertissement et un appel à l’humilité. Les dignités et la noblesse sont de ce genre. Or ces cordes qui attachent donc les respects à tel ou tel en particulier sont des cordes d’imagination » Pensée. On se souvient de la distinction des trois ordres. Celles-ci forcent l’estime, l’admiration. » Matthieu 16 26, traduction Bible des peuples ▲ En deux lignes, la parabole figure sous forme concrète les significations que Pascal veut faire entendre à son élève. À l’image du Père qui donne le pain quotidien9, le Grand doit au demandeur seulement ce qui lui est nécessaire. Le miracle de la communion des saints est celui d’un monde où le moi ne se contenterait pas de limiter ses prétentions pour laisser une place aux prétentions des autres mois, mais se déposerait purement et simplement. Il faut comprendre sous cette dénomination, ce que les hommes reconnaissent comme une valeur, une supériorité ou une dignité. Janséniste de renom) donna, dix ans après la mort de Pascal, des conversations que le philosophe eut sur ce thème aux alentours de 1660. Pascal, Pensées, Charles Baudelaire et les « beautés météorologiques », Une analyse synthétique des concepts par Nicolas Rouillot, Une étude philosophique très complète sur Philolog, Une tentative d’actualiser le troisième discours pascalien. Cela étant, il fera peut-être le salut terrestre du peuple et le sien, il n’en sera pas pour autant moins damné. Mais justement, sa doctrine des ordres, leur hiérarchie ne conduit-elle pas à placer cet imaginaire (et le domaine politique en général), dans une profonde infériorité, déficience ontologique (contrairement à Castoriadis chez qui non seulement l’imaginaire fait être ce qui maintient l’ordre mais est surtout une puissance de création radicale). Nous naissons pourtant avec elle ; nous naissons donc injustes car tout tend à soi » Pensées, B 477. Cette misère est celle d’un être ayant été déchu d’une condition originelle marquée par la « félicité de l’homme avec Dieu ». Il s’ensuit qu’elle ressortit de l’ordre de la chair. La troisième est la seule qui est belle, est-elle seulement vraie ? S’il existe des raisons de se soumettre à ce pouvoir arbitraire, elles sont à chercher ailleurs. Mais comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait, en même temps qu’il recevait ces respects, qu’il n’était pas ce roi que ce peuple cherchait, et que ce royaume ne lui appartenait pas. En démocratie, le peuple est en droit d’attendre certaines choses des élites mais cela serait plus facile s’il cessait de les détester et de les envier. En effet s’il y a quelqu’un qui établit le principe d’une institution imaginaire du social, cher à Castoriadis, c’est bien Pascal. Sortirons-nous de la spirale de la haine sociale et du ressentiment ? Telle est la corruption constitutive de notre être. La justice n’est plus simplement le recueil des droits et devoirs, mais elle s’élargit à la recherche du souverain bien, au chemin à emprunter pour parvenir au salut de l’âme. Mais ce blog est destiné à des élèves qui n’ont que trop tendance à traiter cavalièrement les grands auteurs. Mais dans sa sagesse, Dieu a voulu que l’homme puisse à son tour posséder avec mesure afin que ces biens participent à l’accomplissement de sa nature. Ce n’est point votre force et votre puissance naturelle qui vous assujettit toutes ces personnes. C’est le fils aîné du roi ; cela est net, il n’y a point de dispute. Les « lois » sont l’expression imparfaite de cet exercice raisonné de la justice afin d’éviter les violences du rapt, et par là-même assurer la paix sociale. La fonction de cette explication n’était pas de fournir un exemple de commentaire à des « étudiants lecteurs », elle était de préparer des lycéens à l’oral du bac de philosophie. Pascal le suggère en disant que « Dieu n’autoriserait pas cette possession, et l’obligerait à y renoncer ». Ce qui s’applique au roi, Pascal l’étend par généralisation à tous les puissants. Epître aux Romains XIII. Il faut quand même reconnaître que les exemples de Pascal constituent plutôt de fausses fenêtres7. D’abord il ne savait quel parti prendre ; mais il se résolut enfin de se prêter à sa bonne fortune. Il s'ensuit que la cité de Dieu est une espérance pour l’au-delà, non pour l’ici-bas. Trois Discours Sur La Condition Des Grands Page 1 sur 50 - Environ 500 essais bibou 785 mots | 4 pages généralisation des mutations dans la définition du professionnalisme » (p. ... Analyse des 3 grands discours de farhneit 451 1066 mots | 5 pages Guy Montag à travers du roman. Un autre tour d’imagination dans ceux qui ont fait les lois vous aurait rendu pauvre; et ce n’est que cette rencontre du hasard qui vous a fait naître avec la fantaisie des lois favorable à votre égard qui vous met en possession de tous ces biens. Qu’il s’agisse des grandeurs conventionnelles ou des grandeurs naturelles, on est tenu au respect car toute dignité oblige. Pascal souligne le caractère arbitraire et contingent des hiérarchies sociales. L’élucidation de ce paradoxe constitue le point le plus important de ce texte où Pascal livre sa conception, proprement tragique de l’ordre politique. La leçon finale ramène au prince qui, s’il veut être estimé, doit montrer que sa personne intérieure est digne. Il y a chez Pascal une insistance à souligner la dimension misérable de l’existence humaine, à la fois pour comprendre la propension des hommes à se la dissimuler et pour dénoncer la vanité des chemins empruntés. Mais y en a-t-il moins dans les personnes de condition qui vivent dans un si étrange oubli de leur état naturel? En droit en effet la justice est ce qui est fondé en raison et il ne s’agit pas de croire que Pascal n’assentirait pas à ces propos. Par ailleurs, dire d’un homme de Port-Royal qu’il est un courtisan et un conservateur est pour le moins ironique. D’autres que moi vous en diront le chemin : il me suffit de vous avoir détourné de ces vies brutales où je vois que plusieurs personnes de votre condition se laissent emporter faute de bien connaître l’état véritable de cette condition. Seul le créateur peut revendiquer l’entière possession de sa création. Tous deux voient dans l’ordre social tel qu’il existe réellement une apparence qui cache un véritable désordre ; tous deux voient dans la prétendue union civile une forme souveraine d’opposition et de désunion ; tous deux voient dans la paix à laquelle tous aspirent une forme de guerre de tous contre tous. Athènes comme germe : inspiration pour un type de société qui s’autolimite tout en étendant le partage du pouvoir pour réduire la hiérarchie au strict nécessaire : élection pour les fonctions techniques, rotation ou tirage au sort pour le reste, graphè paranomon, apathè tou demou, etc. Commentaire du texte extrait de: Trois discours sur la condition des Grands de Blaise Pascal (GF 2011) p252 253" Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs; car il y a des grandeurs d'établissement et des grandeurs naturelles. Discours sur la condition des grands (1670) PREMIER DISCOURS Pour entrer dans la véritable connaissance de votre condition, considérez-la dans cette image. En un pays on honore les nobles, en l’autre les roturiers; en celui-ci les aînés, en cet autre les cadets. Cette supercherie est l’œuvre de l’imagination. 649 et 650). Ces intérêts sont la sécurité, la prospérité, la reconnaissance comme satisfaction narcissique. Il faut mépriser la concupiscence et son royaume, et aspirer à ce royaume de charité où tous les sujets ne respirent que la charité, et ne désirent que les biens de la charité. Ou pire encore à propos de la noblesse et de la roture « La chose était indifférente avant établissement : après l’établissement elle devient juste, parce qu’il est injuste de la troubler. Pascal part donc de la cité terrestre, qui est le royaume de la « concupiscence ». Cependant le propos de Pascal consiste ici à limiter cette expérience de la condition humaine à un cas particulier, celui du naufragé appelé à occuper indûment le trône sur l’île où il a échoué. Et tant pis s’il faut passer par l’idée d’une ruse de la nature et de la violence comme accoucheuse de l’histoire. Pour quoi cela ? Par ailleurs, nous vivons dans un monde médiatique où les raccourcis, les caricatures, les insultes, la disqualification des personnes plutôt que la discussion honnête des arguments sont si répandus que la fonction éducative d’un professeur implique le respect des exigences au nom desquelles on peut déplorer le délétère air ambiant.