La différence entre l’énonciation d’une signification (bouc-cerf) et la formulation d’une proposition vraie (il n’est pas) nous apprend que le discours n’est pas une « imitation » ou même une « image » de l’être, mais seulement un « symbole » qui doit être défini comme un signe conventionnel et non pas comme l’être même. Or celle-ci, si elle veut se faire entendre « pour un autre » ne peut relever de l’arbitraire individuel. [Thèse] Il ... (qui est qualifiée de métaphysique [12]) nous permet d’accéder à ce qui est vrai, parfait, de toute éternité. Mais la comparaison des textes de Platon et de ceux d’Aristote conduit à penser que seul Aristote a conceptualisé explicitement la contradiction. Dire quelque chose, c’est toujours rendre partageable ce qui est senti ou pensé dans le cadre d’une parole adressée. « Il est cependant possible de démontrer par voie de réfutation, même sur ce point, qu’il est impossible , dès lors que le contradicteur dit seulement quelque chose ; or, s’il ne dit rien, il est ridicule de chercher un argument contre qui n’a d’argument sur rien, en tant qu’il n’en pas, car, en tant que dès lors il est tel, un tel interlocuteur est semblable à une plante. Il lui demande simplement de proférer un discours doté de signification. S’il faut que l’argumentation s’appuie sur une demande ne faisant aucunement violence aux thèses admises par le contradicteur, il est impossible de lui demander de ne pas porter de jugements contradictoires. S’il ne parle pas ainsi que nous, s’il ne manifeste pas que ce qui agit en lui à titre de principe et de cause immanente relève bien du logos, il redescend de deux degrés dans la hiérarchie des âmes, devenant âme végétative, incapable même d’une voix. (Couverture de la Poétique d'Aristote, Exemplaire de 1733 conservé aux châteaux de Malmaison et Bois-Préau) Imiter est naturel aux hommes et se manifeste dès leur enfance (l’homme diffère des autres animaux en ce qu’il est très apte à l’imitation et c’est au moyen de … Son œuvre influença toute la philosophie occidentale. �R�^w��. Soit chercher à étayer la preuve sur une analyse des étants et sur une analyse des jugements qui en rendent la vérité, soit s’inscrire dans le champ du discours, seul terrain susceptible de convenir à un adversaire sophistique afin de l’amener à concéder lui-même la vérité du principe. Pour que la sophistique soit possible, et elle est possible, il suffit d’admettre que le discours ait une dimension signifiante ; l’admettre c’est attester l’effectivité de la non contradiction. Certes, on peut trouver une formulation proche de cet énoncé chez Platon, dans la République15. En cherchant à détruire un argument (en l’occurrence celui de l’impossibilité de la contradiction), il atteste ce qu’il est censé vouloir détruire (à savoir le principe de non-contradiction). Lorsqu’il s’agit d’établir la véridicité du principe de non-contradiction, deux stratégies semblent possibles. La finalité de l'explication de texte philosophique est donc dépourvue d'ambiguïté : il s'agit de dégager et d'expliciter les concepts fondamentaux du texte, commandant son mouvement et son organisation. Aristote, disciple de Platon, développe dans cet extrait de Métaphysiques que la philosophie, fille de l'étonnement , permet la reconnaissance de l'ignorance. Le responsable de la démonstration par réfutation est donc son contradicteur. Puisque la bonne pratique argumentative consiste avant tout à éviter la pétition de principe, il ne s’agit pas de montrer aux sophistes que leur langage est faux mais seulement de leur faire comprendre qu’il n’est pas significatif. Sur quelle pensée préalable une telle assurance peut-elle se fonder ? A l’instar de Protagoras, il pourrait chercher à démontrer que « l’âme n’est rien, excepté des perceptions » en sorte que, comme le rapporte Platon dans Théétète, « telles les choses me paraissent, telles elles sont pour moi ; telles elles te paraissent, telles elles sont pour toi ». Le plus simple langage est articulé au sens où il atteste de la présence d’un logos au-delà d’une voix. D’après Werner Jaeger, Aristote aura été le premier à « rompre le lien entre le mot et la chose, entre le logos et l’on, étant ». Comme sous l’influence de son âme, il ne peut pas ne pas le faire, il faut qu’il accède à la demande. Karine Laborie et Lionel Cain, professeurs de philosophie. Elle comporte malgré tout la contrainte majeure de toute déduction : ses prémisses, qui sont « causes de la conclusion » (Seconds analytiques, I, 2,71b 20-22), doivent être « vraies et premières ou dérivées de propositions vraies et premières » (Topiques, I, 1,100a 27-29). Selon Aristote, l'art, notamment l'art poétique, a une origine profondément naturelle, innée à l'homme. Dans cet article, l'auteur s'interroge sur le sens du concept de «philosophie première» dans la Métaphysique d'Aristote. Déjà utilisé par Platon lui-même dans le Théétète contre la thèse de Protagoras, il consiste à inclure la position du contradicteur dans ce qu’il prétend exclure. Comme que ne manqueront pas de les répertorier les sceptiques dans leurs tropes, la pétition de principe est l’un des pièges logiques dans lesquels la raison est susceptible de tomber. J.-C. Commentez cette citation. Comment cette forme dialectique, dans le cadre d’un débat contradictoire mais surtout contradictoirement fictif (puisqu’il s’agit de prouver le principe le plus vrai et nécessaire) pourrait-elle parvenir à démontrer le principe le plus ferme de tous ? La réfutation du négateur du principe de non-contradiction frappe par son économie de moyen. Le sophiste se régale de la plurivocité des sens et joue de cette plurivocité dans son usage du discours pour emporter l’adhésion au moment opportun. De là, Aristote peut conclure que la philosophie n'a en vue « aucun intérêt étranger », ce qui fait d'elle la seule science vraiment « libre, car seule elle est sa propre fin ». Par ailleurs, avouons qu’il serait pour le moins surprenant que le sophiste refuse de dire quelque chose. Comment peut-il seulement témoigner d’une telle conviction alors même qu’aucun argument n’a été échangé ? Pourquoi faudrait-il démontrer par réfutation ce à partir de quoi l’on procède dans une démonstration ? et n’appartienne pas à la fois à la même chose et sous le même rapport14 » dit Aristote dans la Métaphysique. Il faut qu’elle soit significative, et pour ce faire, il faut qu’elle ait un sens, que celui-ci soit relativement déterminé et distinct de la signification des autres termes. Ainsi, quelles que soient les intentions de l’adversaire, qu’il vise la vérité, l’utilité, le profit ou même simplement le succès dans l’échange avec les autres ou avec les choses, nous avons à accepter le terrain qu’il nous impose et le laisser agir à sa guise, en tant qu’ « auteur » de sa parole. Il est celui qui en répond au sens où il défend la cause du principe qu’il a précisément l’intention de nier. Seules certaines normes mutuellement reconnues peuvent permettre aux agents d’échanger des informations et de communiquer leurs arguments. Aristote met en relief avec cette définition l’universalité de la métaphysique, dans le sens qu’elle s’occupe non pas d’un secteur de la réalité mais de la réalité dans sa totalité. Dans son usage de la parole, il répond de la non contradiction. Dans cet extrait du livre gamma de Métaphysique, il procède de manière dialectique selon une méthode réfutative. C’est précisément la raison pour laquelle la démonstration scientifique n’est pas propre à établir la véridicité des propositions premières sous peine de tomber dans la pétition de principe. Or, si l’on s’accorde pour dire quelque chose, et l’on s’accorde pour dire, alors « quelque chose sera défini » : la condition de tout discours signifiant est, sinon l’univocité, du moins la régularité d’une imposition de sens, d’un dire (signifiant) plutôt que du dit (des mots). En réalité, dès le son vocal, énoncé ou écouté, la convention joue son rôle : ce n’est pas seulement à la qualité physique du son que l’on reconnaît le langage (le même mot peut être prononcé avec quantité de variantes acoustiques) mais au mot qu’il signifie. Aussi va-t-il revenir sur sa stratégie argumentative afin d’écarter toute accusation de ce genre. Le titre Métaphysique n'est pas d'Aristote lui-même, mais a été donné par le bibliothécaire Andronicos de Rhodes, qui a rassemblé et organisé les livres. Dans ce texte Aristote s'interroge sur la définition de la philosophie. Merci de votre aide Aristte,philosophe de l'antiquite,disciple de Platon a essayé de répondre aux questions suivantes; Quelle est la specificite de la philosophie? « En effet, ne pas signifier une chose, c’est ne rien signifier du tout, et, si les noms ne signifiaient rien, en même temps serait ruiné tout dialogue entre les hommes et même, en vérité, avec soi-même » (Métaphysique, Gamma, 4). La composition, qui fait la vérité d’un jugement, ne relève pas du langage en lui-même, elle est un état de l’âme dont le début de De l’âme nous rappelait après Platon qu’il entretient un rapport de ressemblance avec les choses. Si une telle configuration se présentait malgré tout, ce ne serait plus nécessaire de le prendre en considération car, n’ayant « d’argument sur rien », il se désavouerait lui-même, en son expertise comme en son métier et finalement en son être parlant. Certes la régularité de la signification des signes témoigne déjà du fait que la non contradiction est un principe premier, mais nous ne pouvons pas en déduire que toute la science est dans le langage. Aristote s’accorde avec Platon pour dire que le premier principe est inconditionné. Comment celui qui revendique l’appellation de sophiste pourrait-il le refuser ? C’est en fait par l’abstraction de multiples … Comme tel, le discours ne fait que signifier par le biais des conventions concernant le son vocal et non pas comme un instrument naturel de désignation. Plus ou moins virulentes, de telles attaques vident de son contenu le concept même d’une science non démonstrative et elles fragilisent aussi la possibilité d’établir une science démonstrative. La Métaphysique est un ensemble de 14 livres réunis non par Aristote lui-même, mais par le bibliothécaire Andronicos de Rhodes, après la mort de celui-ci. Explication de texte: À une passante « Nous appelons Dieu un vivant éternel parfait; la vie et la durée continue et éternelle appartiennent donc à Dieu, car c'est cela même qui est Dieu. Le logos, dans la mesure même où il permet de signifier quelque chose est si peu le lieu de la vérité, qu’il est plutôt, inversement, la condition pour qu’il y ait quelque chose de tel que l’illusion, – à savoir pour que l’on prenne une chose pour une autre. Ce texte inaugural de la Métaphysique est l’un des plus connus et des plus difficile du corpus aristotélicien. Celle-ci consiste en effet à poser comme prémisse la thèse qu’il s’agit de démontrer, ou une proposition équivalente de sorte qu’elle puisse lui être assimilée. Au début, leur étonnement porta sur les difficultés qui se présentaient les premières à l’esprit ; puis, s’avançant ainsi peu à peu, ils étendirent, leur exploration à des problèmes plus importants, tels que les phénomènes de la Lune, … 1) Une première lecture fait apparaître que : – les 2 notions importantes du texte sont l’art et l’expérience. Autrement dit, on ne peut établir une correspondance biunivoque entre les mots et les choses. C'est pourtant dans ce livre qu'est développée sa science de l'être et du divin. Il suffisait donc de trouver la configuration la plus propice pour faire éclater, auprès de son négateur même, la vérité du principe de non-contradiction. Aristote, extrait de Métaphysique. Le principe s’avèrera-t-il suffisamment établi par la simple réflexion sur la condition d’une communication des hommes entre eux ? « Si l’on ne posait pas de limites et qu’on prétendît qu’un même mot signifiât une infinité de choses, il est évident qu’il n’y aurait plus de langage » (Métaphysique, Gamma, 4). Etude du 1er paragraphe. Contrairement à l’opinion de Cratyle, les mots ne sont donc pas un produit direct des choses. 11 novembre 201811 novembre 2018 phidalgoComments are off for this post. Au lieu de déployer à la manière de Platon une véritable traque le conduisant, comme dans le Sophiste, à accomplir un parricide et à modifier de fond en comble son ontologie pour déloger le sophiste, Aristote lui demande simplement de « signifier quelque chose ». A associer (mais à distinguer quand même !) L’essentiel n’était donc pas de répéter après Parménide et Platon qu’ « il n’est pas vrai que tout serait ainsi et non ainsi » mais de le « démontrer par voie de réfutation » et d’une manière immanente au langage. L’expérience n’est pas encore la science, mais science et art viennent de l’expérience. Il suffira qu’il prononce un seul mot (ayant un sens) : « le logos est un son vocal et dont chaque partie, prise séparément, présente une signification comme énonciation et non pas comme affirmation (ou négation). La question de la matière occupe une place généralement sous-estimée dans la Métaphysique d’Aristote. % The standard fonts dictionary 150000 corrigés de dissertation en philosophie. Explication du texte: Aristote, Métaphysique, Livre gamma, 1006a [10-29]. Le philosophe n'a pas écrit la "Métaphysique", une compilation tardive. Cependant, un procédé visant à confondre l’adversaire par l’aveu de son incohérence ne serait d’aucun secours dans le cas présent. Elle se montre ainsi d’une efficacité redoutable. L’Ethique à Nicomaque d’Aristote est le livre le plus influent de la philosophie morale, qui est une suite de La Politique tant la morale est politique chez Aristote.Ce livre ne se résume, ni ne se commente facilement car de Kant à John Rawls, tous les philosophes ont discuté avec Aristote sur la question de la vie bonne et celle du bonheur. La ressemblance de la pensée et des étants concerne la proposition vraie et non pas l’énonciation qui est le fruit d’une convention passée entre les hommes. Pour que le discours se dépasse en quelque manière vers les choses, il faut un acte de l’esprit qui produit un jugement. Le texte parle alors de ce que c'est de philosopher. Souvenons-nous que la démarche doxographique et aporétique d’Aristote suppose que l’on prenne aux sérieux les opinions autorisées. Dès qu’il est acquis, nous sommes engagés dans une circulation sociale et objective des mots ainsi que dans toutes les surprises ou disputes qui tiennent à leur arbitraire, non seulement aux imperfections qui en découlent, mais aussi aux abus dont les hommes se rendent coupables. Dans cet extrait du livre gamma de Métaphysique, il procède de manière dialectique selon une méthode réfutative. En effet, parmi tous les signes possibles qui, selon la tradition, se définissent comme « une chose mise pour une autre chose, aliquid stat pro aliquo », les symboles langagiers sont proprement arbitraires, non motivés, ils signifient un état d’âme par une loi générale d’association. Comment peut-on prétendre « démontrer » le principe le plus ferme de tous simplement en réfléchissant sur les conditions d’une communication des hommes entre eux ? Parler, c’est selon lui toujours dire quelque chose qui est, et ce qui n’est pas, personne ne peut le dire : « Tout discours est dans le vrai ; car celui qui parle dit quelque chose ; celui qui dit quelque chose dit l’être, et celui qui dit l’être est dans le vrai ». En effet, l’interlocuteur n’est pas censé accorder autre chose que la visée de signifier quelque chose à quelqu’un, il ne lui est demandé rien d’autre que de communiquer un sens. L'explication de ce texte d'Aristote nous a donc permis de comprendre, à travers l'analogie entre un relativisme explicable concernant les perceptions sensibles et un relativisme des opinions et des imaginations que celui-ci était tout aussi illégitime. Aristote, Métaphysique, Livre Gamma, 1006a [10-29] traduction M. -P. Duminil et A. Jaulin, éd. A la croyance selon laquelle il existerait une ressemblance entre les mots, les états de l’âme et les choses, la vraie science, telle que la pratique le Philosophe, a substitué une ressemblance exercée par le jugement et exprimée par la proposition. Face au contradicteur qu’il convoque, Aristote ne cherche pas à enseigner, à la manière d’un maître, que le même ne peut pas être et ne pas être en même temps et sous le même rapport. aux termes hommes d’art et hommes d’expérience. En règle générale, la réfutation est un raisonnement consistant à renverser la conclusion de l’adversaire à partir d’un argument qui sape l’un des siens. Le procédé n’est pas inédit. De plus, le contradicteur qui ferait fond sur l’impossibilité de démontrer le principe est contraint d’admettre que l’on peut atteindre une vérité autrement que par voie démonstrative : « il y a quelque chose de vrai sans démonstration ». Ce texte ne se présente bien sûr pas comme un morceau d’éloquence dans lequel l’orateur tenterait de persuader le lecteur de la vérité de la non contradiction ; il n’est pas plus un discours démonstratif déployé sous la forme d’un syllogisme catégorique où la vérité de la conclusion serait tirée par implication de prémisses elles-mêmes vraies. Dans le cas présent, il s’agit d’amener l’adversaire à « dire quelque chose » si bien qu’il se trouvera chargé d’établir par réfutation la véridicité de ce que pourtant il nie ostensiblement. Le livre Z constitue la plaque tournante de la Métaphysique d'Aristote. PhiloSophie - Copyright 2014 Mentions légales - Académie de Grenoble, Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou. » Aristote, La Métaphysique, Ive s. av. « C’est, en effet, l’étonnement qui poussa, comme aujourd’hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Dès qu’il manifestera une intention signifiante, c’est lui qui attestera ipso facto de l’impossibilité de la contradiction. Puisque sa force tient à ce qu’il impose son propre terrain, dès lors qu’un entretien s’engage avec le sophiste, il ne faut surtout pas viser les choses mêmes ou l’acribie du jugement. Dans l’hypothèse où le contradicteur refuserait d’engager l’entretien et se réfugierait dans le mutisme, « s’il ne dit rien », à la manière d’Antisthène par exemple pour qui le logos coïncide avec l’être même, que faire ? La métaphysique d'Aristote Le philosophe n'a pas écrit la "Métaphysique", une compilation tardive. A nos yeux, Aristote parle d’ « arguments » et non pas de véritables assertions afin de bien distinguer l’objet de la réfutation d’une démonstration qui, supposant le principe à démontrer, tomberait dans la pétition de principe. Or, il est remarquable que celui qui en prend la défense affirme dans un même geste l’impossibilité de le démontrer et la possibilité d’y parvenir « par voie de réfutation ». Le discours en général n’est pas directement susceptible d’être vrai ou faux, seul celui qui divise et compose sous la forme de la proposition peut l’être (ainsi par exemple la prière est un discours, mais n’est pas une proposition). Dès l’instant où il entre dans le jeu de la signification autrement dit où il entretient ce jeu et prétend même exceller dans ce registre, il atteste de ce que pourtant ostensiblement il récuse. Je dis qu’il y a une différence entre démontrer par réfutation et démontrer, parce que celui qui cherche à faire une démonstration aura l’air de faire une pétition de principe, tandis que, si un autre est l’auteur d’une telle pétition de principe, il y aura réfutation et non démonstration. Toute proposition vraie n’est pas démontrable, certaines sont vraies et immédiates sans démonstration, c’est le cas du premier principe. Il lui suffit de manifester une intention signifiante et non une intention de vérité consistant à réclamer qu’on dise que quelque chose est ou n’est, est ainsi plutôt qu’autrement. Mais, si l’on accorde cela, il y aura démonstration, car quelque chose dès lors sera défini. Tout d’abord, il s’agira de viser l’accord de l’interlocuteur sans aucun moyen non discursif comme la séduction, l’intimidation ou la violence : la véridiction doit dépendre exclusivement du discours, non de celui qui parle. de 1953) de J. Tricot (1893-1963) Éditions Les Échos du Maquis (ePub, PDF), v. : 1,0, janvier 2014. La vérité est inscrite dans un jugement catégorique porté sur les étants (et non dans le discours qui peut faire écran à ce dont il parle). C’est pourquoi, il faut régler la convention et la rendre explicite en formulant des règles d’usage. A travers sa contradiction performative, il porte témoignage du principe, il est le véritable auteur de la réfutation. Métaphysique d’Aristote est unanimement reconnue comme la perfection éternelle de la sagesse antique. Autrement dit, s’appuyant sur la dimension signifiante du discours et non pas sur sa dimension judicative ou sur sa portée ontologique, le Philosophe prend bien garde de ne pas ancrer le discours dans une prémisse logique ou ontologique étrangère ou contraire à son adversaire. Il faut dégager des concepts de base possédant une signification particulière et détenant une fonction précise dans le texte. en bronze de Lysippe). Dans Métaphysiques, Aristote traite de la spécificité et de l’utilité de cette discipline. Indémontrable, saisi de manière intellectuelle, il est ce sur quoi repose en dernière instance toute la science démonstrative si bien que l’édifice trouve en cet axiome sa véritable assise. D’autre part, il ne servirait à rien de recourir à l’évidence noétique face à un adversaire qui pourrait la récuser et objecter que la perception noétique de la véracité du principe se heurte à des jugements tout à fait autorisés comme ceux d’Héraclite (qui professait que la contradiction est la loi du monde) ou d’Empédocle (qui n’admettait pas de sujet commun aux quatre « racines » contraires du feu et de l’eau, de l’air et de la terre). Le principe pour toutes les argumentations de cette sorte n’est pas de réclamer qu’on dise que quelque chose est ou n’est pas (car on pourrait peut-être concevoir que c’est faire une pétition de principe), mais qu’on signifie au moins quelque chose pour soi-même ou pour un autre. En conséquence, il est essentiel de connaître les thèses admises par l’interlocuteur afin de bien mettre en évidence le fait que nous ne nous servons pas d’une thèse contraire à ses convictions comme point d’appui de notre réfutation. Quelle est alors cette prémisse qu’un contradicteur sophiste ne peut pas ne pas concéder ? L’argument d’Aristote revient donc à réfléchir, d’un point de vue pragmatique, sur les conditions d’effectuation du discours. La clause de l’entretien fictif est minimale : il suffira que le contradicteur « dise quelque chose » pour que l’on puisse le réfuter. Généralement, une démonstration consiste à déduire une propriété à partir de la définition d’une essence. Aristote répond en s’efforçant d’apparier sa stratégie argumentative à un interlocuteur qui s’étonnerait du caractère indémontrable d’un principe prétendument si fécond. Par conséquent, il s’agit d’étudier ce que « être » … Tout l’effort d’argumentation deviendrait alors inefficace : selon l’image de Chaïm Perelman, le discours s’écroulerait comme un tableau que l’on voudrait suspendre à un clou mal accroché au mur. Avant de devenir le cinquième trope dit du diallèle dans la classification d’Agrippa (« Le mode du diallèle arrive quand ce qui sert à assurer la chose sur laquelle porte la recherche a besoin de cette chose pour emporter la conviction », Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes, LI, 15, [169]), elle est déjà pour Aristote l’un des écueils majeurs de toute démonstration. Cependant, consentir tacitement à un usage linguistique revient à accepter que certains sons puissent valoir à la fois pour nos idées et pour ce que nous supposons être celles des autres. Elle consiste à « postuler dès le départ ce qui, au commencement de l’entretien, a été défini comme le but à atteindre. Il manifesterait qu’il serait « semblable à une plante » autrement dit qu’il ne serait même pas un animal doué d’une voix permettant de signifier la douleur et le plaisir à lui-même et à ses congénères. Dans sa confrontation avec le contradicteur, Aristote fait alors reposer l’argument décisif sur les conditions dans lesquelles les hommes peuvent s’entendre. Le paradoxe de la situation consiste donc à charger une simple énonciation, saturée de conventions et pouvant être aussi bien vraie que fausse, de témoigner du principe « le plus ferme de tous, au sujet duquel se tromper est impossible » (Métaphysique, gamma 3,1005 b 11-12) et de lui délivrer la valeur d’axiome.